Ecrit par Gilles-R. Souillés, Rémi Buhagiar pour La Dépêche du Midi
Courtisé par Séville, début juillet, par Wolfsbourg aujourd'hui, l'attaquant du TFC restera-t-il à Toulouse ? Rien n'est moins sûr. Son départ n'est qu'une question de prix...
Le premier but de Wissam Ben Yedder, dimanche pour le premier match de championnat du TFC au Stadium, n'est pas passé inaperçu. Son coup franc bien enroulé au-dessus du mur stéphanois et au premier poteau a ravivé l'intérêt des agents qui s'agitent dans le giron des clubs européens. D'autant qu'il reste peu de temps désormais avant la clôture du mercato d'été à la fin août Le joueur du TFC a beau être resté très discret jusqu'à présent sur son avenir, il n'est pas insensible aux approches dont il a été l'objet, dès le début du mois de juillet.
Mais l'opportunité qui s'est offerte à lui de signer au FC Séville, un des cadors de la Liga espagnole, s'est brutalement refermée sur l'intransigeance de son président Olivier Sadran. Après avoir démenti tout contact avec le club andalou, le patron du TFC a bien été obligé de reconnaître l'intérêt porté à l'attaquant de poche des Violets sur les bords du Guadalquivir. En faisant monter les enchères. Alors qu'il estimait officieusement, ces derniers mois, le prix d'un départ de Ben Yedder autour de 10 millions d'euros, ce sont 12 millions d'euros qu'a finalement demandés Olivier Sadran. Là où Séville était prêt à mettre en tout et pour tout 9 millions. Est-ce une manière pour le président du TFC de ne pas laisser filer son attaquant pour le conserver un an de plus et de le considérer de fait, sans le dire, comme intransférable ? Ou s'agit-il d'attendre une meilleure offre d'ici la fin du mercato en espérant que certains clubs anglais entrent dans la danse ? La question se pose. D'autant plus que même pour 9 millions d'euros la transaction avec Séville était plus qu'avantageuse pour un joueur que le site reconnu Transfermarkt évalue aujourd'hui autour de 5 millions. Et le club allemand de Wolfsbourg, qui aurait commencé les approches n'est pas disposé à aller au-delà des 10 millions. Alors que vaut vraiment Ben Yedder et peut-il quitter la Ville rose ? Les tergiversations toulousaines ont en tout cas vexé le FC Séville qui s'est tourné vers le Borussia Dortmund. Les Andalous ont, en outre, peu apprécié qu'Olivier Sadran laisse entendre que leur club n'était pas solvable. Ben Yedder, qui a aussi été, un temps, dans le collimateur de la Roma et de la Lazio voire de Marseille, se retrouve prisonnier d'une surenchère qui risque de lui gâcher son été. Il ne faudrait pas que le ressentiment empoisonne le climat entre le joueur, son agent et le TFC. Mais n'est-il pas déjà trop tard ?
«Sans plan B, il ne partira pas»
Élie Baup connaît le Toulouse Football Club mieux que quiconque. Ancien Entraîneur des Violets, le coach à la casquette pense qu'un transfert de Ben Yedder pourrait modifier le projet du club. Il se confie.
Pensez-vous qu'un transfert de Wissam Ben Yedder soit possible ?
Oui. Tant que le mercato estival n'est pas terminé, on ne sait jamais. Généralement les entraîneurs attendent avec impatience la fin de cette période de transfert. Les gens tentent des coups, vendent, rachètent… . C'est compliqué pour préparer une saison.
Son départ serait une catastrophe ?
Non, mais cela risque de changer le projet par contre. Avec Martin Braithwaite, ils sont complémentaires. Je pense que s'il part, le Toulouse Football Club ne pourra pas faire jouer Pésic de la même manière. L'animation offensive tourne autour de lui. C'est le finisseur. Il faudra un successeur. Si le club le lâche, c'est qu'ils ont une autre solution.
Olivier Sadran sait garder ses joueurs quand il le faut…
Oui. Que les supporters du TFC se rassurent. Sans plan B pour le remplacer, Wissam ne partira pas. Le président a déjà retenu des joueurs. Tout le monde doit être gagnant.
Ce transfert peut lui permettre d'intégrer l'équipe de France ?
C'est compliqué. Les Bleus jouent à une seule pointe, alors que Ben Yedder est plus à l'aise à deux attaquants. Il pourrait apporter sur des fins de matchs. Cela dépendra de sa progression, mais il n'a pas le profil pour évoluer seul devant.
«C'est le bon moment pour vendre Ben Yedder»
Sa réputation n'est plus à faire. Vincent Duluc, Journaliste de L'Équipe, expert en football. Selon lui, les supporters du Toulouse Football Club doivent se préparer à toute éventualité. Autrement dit, le départ de Wissam Ben Yedder est loin d'être utopique. Rencontre.
On parle de plus en plus d'un départ de Wissam Ben Yedder. Qu'en pensez-vous ?
C'est fort possible. Même si le championnat a déjà commencé, la date la plus importante reste celle de la fin du mercato. Ce n'est pas simple pour les clubs, mais c'est le football moderne. Je pense que tout est une question de prix. En fin de saison dernière, le joueur exprimait son désir de voir autre chose. À Toulouse, il a fait le tour de la question. Avec son profil atypique, tout le monde attend de le voir dans un autre contexte.
Le club peut-il se remettre de cet éventuel départ ?
Financièrement, cela ferait du bien. Cependant, c'est toujours difficile de trouver quelqu'un de si important au niveau des statistiques. Après, sa vente peut permettre de régénérer le groupe. D'amener un nouveau souffle. Sportivement, Wissam Ben Yedder serait une perte, je pense. Son entente avec Martin Braithwaite est intéressante. Les deux sont complémentaires. En cas de départ, ce sera compliqué de le remplacer, même si le prix de vente est correct. Je pense à Benzia par exemple.
À combien estimez-vous la vente de ce joueur ?
Cela dépend à qui vous le vendez. Mais quand je vois que Jordan Amavi de Nice est transféré pour 15 millions d'euros… C'est un excellent joueur, mais il est défenseur. Ce que fait Wissam est plus complexe, puisqu'il marque. Selon moi, il vaut plus que 10 millions. Bien plus.
La politique du club est surprenante…
Non, je ne trouve pas. Un club comme le TFC a besoin de former et de vendre ses joueurs. Je crois que c'est le bon moment pour vendre Ben Yedder. L'arrivée de Dominique Arribagé a redistribué les cartes. À mon avis, les Violets n'ont aucun intérêt à réinvestir cet argent sur un seul joueur. Ils en profiteront pour se renforcer à plusieurs postes.
Le TFC peut-il se maintenir en perdant son buteur ?
Cette année, je ne vois pas le club en danger. Si le maintien se joue au départ de Wissam, c'est qu'il doit être vendu très cher. (Rire). La saison peut-être bonne. Il faut voir ce que vaut le nouveau gardien, Mauro Goicoechea. C'est un facteur déterminant. S'il est bon, il peut faire gagner dix points….